Lachine, avant l’industrialisation

Historiquement, l’arrondissement actuel de Lachine formait un seul lieu avec celui de LaSalle, soit la paroisse des Saints-Anges-de-Lachine, dont le territoire allait de l’actuel Verdun à Pointe-Claire. 

L’établissement d’une colonie

Les premières traces d’occupation du territoire lachinois remontent au 17e siècle et s’expliquent entre autres par son emplacement stratégique en amont des rapides du Sault-Saint-Louis, plus tard renommés les rapides de Lachine. Cet obstacle naturel forçait les trappeurs et les explorateurs à s’y arrêter et à faire du portage pour continuer leur chemin vers l’arrière-pays. 

Le fort Rémy en 1671
© Bibliothèque et Archives nationales du Québec

En 1660, un premier fort, le fort Rémy, est établi, symbolisant l’importance de l’endroit pour les Européens. Quelques années plus tard, soit en 1667, les Sulpiciens concèdent une partie de leur domaine à René-Robert Cavelier de La Salle (1643-1687) dans l’objectif d’y établir un poste de traite et d’y fonder un village. Poussé par son désir de trouver un passage vers la Chine, ce dernier vend son terrain en 1669 à Jean Milot (1627-1699), ce qui lui permettra de financer son expédition, dont il reviendra bredouille quelques années plus tard. Cette anecdote est à l’origine du nom donné à Lachine. 

Afin de protéger ce lieu stratégique contre les attaques iroquoises, d’autres forts sont rapidement érigés. En plus de servir de refuge aux habitants, ceux-ci servent de lieux de coordinations entre les troupes militaires lors du massacre de Lachine en 1689. Les tensions affectent le commerce des fourrures et l’établissement des colons jusqu’à la signature de la Grande Paix de Montréal en 1701.

Le canal de Lachine

À l’époque, l’activité est surtout liée à la terre et à la forêt, mais également au commerce des fourrures, en raison de la situation stratégique de Lachine. C’est d’ailleurs ce qui mène à la construction du canal de Lachine qui est inauguré le 6 octobre 1825, soit quelques 160 ans après que les Sulpiciens aient eu l’idée de creuser un canal qui tirerait parti de la présence de la rivière Saint-Pierre que l’on pense, à l’époque, prolonger de manière à relier Montréal au Lac Saint-Louis. Le projet ne fait pas long feu, mais il est repris en 1815. À terme, sa réalisation permet la liaison entre la rive sud du lac Saint-Louis, le Haut-Saint-Laurent et l’Outaouais et prolonge, en quelque sorte, les activités du port de Montréal vers l’ouest. 

Le Canal de Lachine (vers 1850)
© Musée McCord

Le canal de Lachine est le premier d’une série d’aménagements permettant aux navires de remonter le Saint-Laurent jusqu’aux Grands Lacs. Long de 15,5 km entre le port de Montréal et Lachine, il compte sept écluses pour permettre de franchir les 14,1 m de dénivellation. Il doit être réaménagé à deux reprises (en 1843 et en 1873) afin d’accommoder la taille des nouveaux navires et l’augmentation du traffic. Évidemment, le canal vient modifier la vie de la vieille paroisse de Lachine qui ne comptait alors qu’une vingtaine de maisons sur l’emplacement de l’ancien fort Rémy. 

La construction du canal entraîne l’installation des activités industrielles aux abords de celui-ci, puisque cela leur permet de bénéficier du trafic maritime et de cette nouvelle voie de communication vers l’ouest.

Le développement urbain

En 1811, la brasserie Dawes s’installe dans le Vieux-Lachine, profitant des terres agricoles qui permettent la culture de l’orge et du houblon. Un développement urbain apparait aux abords de la brasserie. Au même moment, la Compagnie de la Baie d’Hudson installe à proximité un entrepôt pour ses fourrures et diverses marchandises.

L’ancien magasin de la Cie de la Baie d’Hudson à Lachine
Source : Vieux manoirs, vieilles maisons / Library and Archives Canada / PA-036773

Ainsi, le déplacement des activités économiques vers l’ouest mais, surtout, l’ouverture du canal de Lachine (1825) entraînent la formation d’un nouveau village centré autour des écluses (Lachine Locks). 

Établie en 1845, la paroisse de Lachine devient village en 1848. Progressivement, des institutions cultuelles (française et anglo-protestantes de deux confessions) et d’éducation, un bureau de poste et un marché viendront notamment consolider l’établissement du secteur aujourd’hui connu comme le Vieux-Lachine. En 1872, le village acquiert le statut de ville.

Au milieu des années 1880, la Dominion Bridge Companyet d’autres débutent leurs activités à Lachine. L’essor industriel amorcé quelques années auparavant se consolide et sera décisif dans le développement de la Ville de Lachine. C’est une période de croissance à tous les niveaux et le paysage, jusqu’alors à dominante agricole et commerciale légère, change complètement.


Usine Dominion Bridge Company, décembre 2020 – février 2021 (non publiée).

Héritage Montréal et Patrimoine canadien, s.d., « Quartier Vieux-Lachine », Découvrez Montréal en quartiers – Quartier – ses bâtiments.

Lamarche, H., 2017, Recueil des capsules historiques 1667-2017 Lachine, Société d’histoire de Lachine, 100 pages. En ligne : http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/arrond_lch_fr/media/documents/recueil_capsules_historiques.pdf.

Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine – Direction du développement urbain – Division du patrimoine et de la toponymie, 2005, Évaluation du patrimoine urbain – Arrondissement de Lachine, 66 pages. En ligne : http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/patrimoine_urbain_fr/media/documents/09_evaluation_patrimoine_lac.pdf.

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